Depuis plusieurs années, Ebola frappe de manière régulière la République Démocratique du Congo et très particulièrement certaines zones de l’Est et de l’Ouest du pays. Les conséquences de cette épidémie sont nombreuses : des pertes en vies humaines sont nombreuses et les pertes économiques sont incalculables, dans un contexte où les populations vivent dans une pauvreté indescriptible. La persistance de cette maladie et les ravages qu’elle provoque reflètent la faiblesse de nos systèmes de santé, incapables de répondre à des épidémies d’une telle ampleur. Depuis 2018, les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri font face au dixième épisode du virus Ebola qui a déjà fait plus de 2280 morts. La plupart des personnes contaminées et mortes à cause de ce virus l’ont été à cause du refus de l’existence de la maladie et du non- respect des mesures de protection. Soulignons cependant que le respect et l’application de mesures de protection contre cette maladie dépendent largement de la confiance et surtout de la perception que la population a de la maladie, du système de riposte et surtout de la
qualité des soins qu’ils reçoivent.
La ville de Beni dans la province du Nord Kivu et les zones environnantes qui ont été affectées par la maladie à virus Ebola ont aussi été le théâtre de plusieurs conflits violents qui ont fait de nombreuses victimes parmi les populations locales. Le virus Ebola est donc apparu dans un contexte social et politique déjà fragilisé par des conflits violents. À Beni, la riposte a été rendue difficile par des émeutes, la lapidation de véhicules et même le meurtre de certains travailleurs de la riposte. Les facteurs qui ont alimenté cette résistance sociale comprenaient le manque de confiance de la qualité de soins dans les centres de traitement (CTE), le manque de confiance dans l’équipe de riposte et la méfiance à l'égard des étrangers qui sont venus, selon les dires de la population, profiter de l'épidémie, et enfin de la dimension plus économique que cette riposte avait prise.
Ce rapport analyse des éléments importants qui sont ressortis des données qualitatives collectées pendant plus de deux mois dans les zones affectées par le virus. Il s’agit notamment des perceptions de la population par rapport aux soins administrés et du comportement du personnel, et du comportement affairiste des acteurs, bien connu sous le terme générique de «ebola business». Au préalable, il est présenté à la section suivante l’approche méthodologique de l’étude
Ajouter un commentaire