Le choléra, une réalité endémique en RDC depuis 1994

Facebook
Twitter
WhatsApp

« Aucune semaine ne passe sans que le Nord-Kivu rapporte des cas de choléra dans au moins une de quatre zones de santé ou cette maladie est endémique à savoir Goma, Karisimbi, Nyiragongo et Kirotshe ». La raison est, selon le point focal ‘’choléra’’ à la division provinciale du Nord-Kivu, la présence du Lac-Kivu à proximité desdites zones de santé. En effet, ajoute Deka Kabunga, ce lac est resté depuis 1994 le réservoir des bactéries à la base du choléra qui touche actuellement plusieurs zones de santé de la Province suite à la consommation d’eau et d’aliments contaminés. Evoquant l’actualité de la situation épidémiologique de la province par rapport à cette maladie il signale que huit zones de santé ont remonté des données sur le choléra pendant les quatre dernières semaines.
En effet, au cours de quatre dernières semaines de l’année 2025 les zones de santé de Goma, Karisimbi, Katoyi, Kibirizi, Kirotshe, Masisi, Nyiragongo, Bambo et Walikale ont rapporté des cas. Selon les statistiques, la Division Provinciale de la Santé a rapporté au cour de la semaine 7 de l’année 206 cas sur toute l’étendue de la province ; 236, la semaine suivante, 327 la 9ème et 374 cas la 10ème semaine.
« En dépit du pillage des dépôts pharmaceutiques fin janvier dernier à Goma, la division provinciale de la santé et ses partenaires se débattent pour garantir une prise en charge gratuite des malades » précise Deka Kabunga

La situation sur terrains, cas du village Shasha, en groupement Mupfunyi-Shanga, territoire de Masisi.

Les sources hospitalières confirment que le choléra et d’autres maladies hydriques sévissent depuis quelques semaines dans la zone de santé de Kirotshe, en groupement Mupfunyi-Shanga. Selon Janvier BIHIRA, un habitant de Shasha, treize personnes en sont déjà mortes. Il trouve que l’explosion de ces pathologies coïncide avec le mouvement de retour des déplacés dans cette zone où plusieurs sources d’adductions d’eau potables ont été endommagées pendant leur absence. Janvier BIHIRA, plaide pour le rétablissement de la desserte en eau potable dans cette agglomération. Il rappelle que c’est ce qui va aider les habitants à respecter les mesures d’hygiène édictées pour stopper la propagation desdites maladies.

Une mobilisation nationale et internationale dans la prévention des nouveaux cas et la prise en charge des cas déjà déclarés.

Alertée sur cette situation, la Croix-Rouge du Nord-Kivu a implanté quatre sites de chloration d’eau à Shasha, afin d’épargner les habitants de la consommation d’une eau non traitée. La Cheffe Adjointe du projet CATI (Area Targeted Interventions) mis en œuvre par cette organisation en partenariat avec UNICEF rassure que des démarches sont en cours pour multiplier ces points de chloration, et répondre à la demande qui devient de plus en plus forte. KAYAMBI OMARI Béatrice demande à ceux et celles parmi les habitants qui puisent au lac avant ou après les heures d’ouverture de ces points de chloration, de bouillir cette eau jusqu’à 100 degrés avant de l’utiliser, afin de la rendre potable.
Pendant ce temps, les nations unies ont annoncé leur appui aux efforts visant à contenir la flambée du choléra dans la province du Nord-Kivu. A travers le fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires, elles viennent d’allouer 750 000 dollars américains pour cette cause affirme le Bureau de coordination des affaires humanitaires, OCHA. Selon le coordonnateur humanitaire en RDC, ce financement est une manière concrète de prévenir une épidémie de grande ampleur, grâce à un investissement aussi bien dans la réponse que dans la prévention. Bruno Lemarquis ajoute qu’il sera utilisé par l’UNICEF, l’OMS et leurs partenaires dans l’amélioration de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement, ainsi qu’aux services d’hygiène et de santé.
Notre source précise que la RDC traverse l’une des crises humanitaires les plus complexes au monde, avec plus de 21 millions de personnes ayant de multiples besoins. Depuis fin janvier 2025, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu font face à une situation qui impacte sur la fourniture des services de base, aggravant les risques de propagation des maladies liées à l’eau, notamment le choléra.