L’ONU alerte sur le sort de 110000 déplacés qui avaient initialement trouvé refuge à Goma et qui fuient de nouveau vers d’autres régions

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Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué mardi, lors d’une conférence de presse à Genève que ces déplacés s’orientent vers les villages des territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, où aucun combat n’a été signalé.
« Nos collègues de la RDC nous disent ce matin que des milliers de personnes quittent les sites pour personnes déplacées à l’intérieur et autour de Goma et se déplacent vers des zones où il n’y a pas de combats », a rapporté Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA, lors de ce point de presse, à Genève.
Ces mouvements de populations interviennent alors que le M23 qui contrôle la ville, a sommé les déplacés vivant dans les sites et les centres collectifs, à l’ouest de Goma, d’évacuer et de retourner dans leurs villages dans un délai de 72 heures.
Un ultimatum qui a expiré, mardi 11 février.
Le coordonnateur de l’action humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis a de son côté affirmé lors d’une conférence de de presse à Kinshasa mardi 11 février, suivre de près la situation afin de s’assurer que les retours sont volontaires.
« Nous tenons à réaffirmer que tous les retours doivent être effectués de manière volontaire et se réaliser dans des conditions de sécurité, d’information et de dignité, conformément aux principes du droit humanitaire international », a martelé Jeans Laerke
Sur le terrain le terrains les acteurs humanitaires dénoncent un démantèlement inquiétant des sites des déplacés alors qu’il y a peu, le M23 a publié un communiqué expliquant qu’il « soutenait et encourageait pleinement les retours volontaires, mais qu’il ne contraignait personne à rentrer sans garanties de sécurité solides »
Ces derniers développements inquiètent fortement les partenaires humanitaires souligne le porte-parole de OCHA
Cette situation engendre la destruction d’infrastructures humanitaires essentielles sur les sites, telles que les installations d’approvisionnement en eau, les centres de santé et les structures de traitement du choléra, provoquant ainsi « d’importantes pertes d’investissements humanitaires et une réduction significative des capacités de réponse », a-t-il conclu.
Dans un communiqué de presse, datée du 30 janvier 2025, OCHA avait dénoncé le pillage des infrastructures et des entrepôts humanitaires, compromettant gravement la réponse humanitaire.
« Des quantités importantes de vivres, de médicaments et de matériel médical essentiels ont été perdues dans des attaques ciblant les stocks d’agences des Nations Unies et d’ONG humanitaires essentielles à la réponse d’urgence. Cette perte entrave l’acheminement rapide de l’aide aux populations qui en ont désespérément besoin. Les humanitaires sur place poursuivent leurs opérations malgré des conditions extrêmement précaires. Sans moyens supplémentaires, notamment pour remplacer les stocks détruits, sans l’accès à internet rétabli et face aux risques sécuritaires entravant leurs mouvements, la réponse est gravement entravée et les capacités d’intervention fortement réduites » lit-on dans le document.
Sur le terrain, les acteurs humanitaires du secteur de la santé sont également préoccupés par l’avancée du choléra à Goma et dans les zones périphériques.
L’Organisation Nations Unies rapporte que dans la semaine du 3 au 9 février, une augmentation des cas de choléra a été observée dans l’aire de santé de Buhimba, soit 70 nouveau cas près du site de déplacés de Bulengo. Au moins 80 % des cas de choléra signalés dans la province du Nord-Kivu proviennent des sites de déplacés. Le démantèlement de nombreux sites complique la situation en raison de la dispersion des patients et de la suspension des activités de surveillance épidémiologique à la suite des récents affrontements.
Le Programme Alimentaire Mondial de son côté parle de précarité des déplacés internes
Selon le PAM, près des trois quarts des personnes déplacées ont un score de consommation alimentaire médiocre, soit un régime alimentaire inadéquat citant des données collectées durant la première semaine de Février 2025.
Pour l’agence onusienne, il est important de souligner que la proportion de ménages ayant une mauvaise consommation alimentaire a augmenté de 13% en décembre 2024 (avant la crise) à 71% en février 2025 (après la crise) après la prise de Goma par le M23 ».
Le programme Alimentaire Mondiale ne constate pas une différence « significative » dans la proportion des taux de score de mauvaise consommation alimentaire entre les déplacés retournés dans leurs villages d’origine (74%) et ceux qui sont restées dans les camps (72%), les centres collectifs (73%) et les familles d’accueil (69%) à Goma.