Nord-Kivu : des prisonniers confrontés au surpeuplement, à la faim et à l’insuffisance des médicaments dans la prison centrale de Butembo
La situation humanitaire des prisonniers et des détenus demeure extrêmement préoccupante à Kakwangura, la principale prison de Butembo, la première ville commerciale du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC. Le calvaire de ces citoyens s’illustre par « le surpeuplement, la faim et le manque des soins médicaux et des conditions hygiéniques déplorables ». Des volontaires du CDC, Centre de Développement et de Citoyenneté qui les assistent périodiquement lancent la sonnette d’alarme.
Des statiques officielles évoquent au-delà de 1 500 prisonniers et détenus comptabilisés et hébergés jusqu’à mi-février 2025 à Kakwangura, explique le CDC, une des structures de jeunes. Selon des défenseurs judiciaires, la majorité des pensionnaires de l’établissement carcéral sont des originaires de Butembo, et des agglomérations environnantes notamment dans les territoires de Lubero et de Beni. Dans les différentes cellules on comptabilise des personnes poursuivies pour des cas d’assassinats, de meurtres, de viol, de vol, de dette, des conflits fonciers, indiquent des sources pénitentiaires corroborées par le Centre de Développement et de Développement.
« Il y a des personnes qui sont incarcérées pour des faits bénins. Ce qui entraîne une pléthore au sein de la prison », détaille Anelka Mwanya, un de ses points locaux. « Pendant la journée qu’il pleuve ou que ce soit sous un soleil ardent, les prisonniers restent debout en plein air. Le soir, ils sont entassés dans des chambrettes. Et ils dorment à même le sol. Suite cette promiscuité, des cas maladies sont régulièrement déclarés occasionnant des décès faute des soins médicaux adéquats ».
Dans un rapport fin 2024, le Réseau de Défense des Droits Humains (REDHO), une organisation non gouvernementale basée à Butembo avait évoqué le décès de 92 prisonniers et détenus. Ces chiffres avaient été répertoriés entre le janvier et décembre en raison des majeurs cas de violations des droits humains en milieu carcéral.
Face à ce contexte difficile, le Centre de Développement et de Citoyenneté invite les autorités à tous les niveaux d’apporter des solutions à cette précarité afin de sauver des vies en danger.
« Que la justice s’implique en libérant les personnes poursuivies pour des faits bénins. Cela permettra de désengorger la prison. La construction d’un autre bâtiment spacieux est aussi une solution envisageable. Il faut aussi trouver une solution urgente pour les lieux d’aisance car les toilettes sont complètement bouchées et les matières fécales coulent en plein air ce qui une autre cause de la propagation des pathologies », a proposé le point focal du CDC.
L’actuelle prison centrale de Butembo a une capacité d’accueil de plus ou moins 200 personnes. En 2022, ledit bâtiment, qui jadis fut un orphelinat aménagé par l’église catholique, avait été attaqué par des présumés éléments de du groupe terroriste ADF, forces démocratiques alliées. Au cours de l’assaut, des milliers de prisonniers s’étaient évadés, des cellules incendiées et des forces de sécurité tuées. En dépit des quelques travaux d’entretien et de réhabilitation, la capacité d’accueil reste faible. L’établissement ne réunis toujours pas les conditions nécessaires pour l’hébergement de ses pensionnaires