Organiser le retour dans les zones de provenance, un véritable casse-tête pour plusieurs déplacés encore présents dans la partie Ouest de Goma

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Pendant que les sites des déplacés situés dans les groupements Munigi et Kibati se sont déjà vidés de leurs occupants, dans la partie Sud-Est du territoire de Nyiragongo partageant des limites avec le quartier Majengo en ville de Goma, le processus de retour de ceux cantonnés dans les groupements Mudja et Rusayo est en cours. Le représentant des déplacés du site Rusayo 2, révèle que les familles qui occupaient ce dernier l’avaient abandonné à l’approche des combats pour se réfugier dans des familles d’accueil, des écoles ou des églises des quartiers Ndosho et Mugunga à Goma. Augustin Kabenga précise qu’à la fin des hostilités, les familles n’ont pas pu réoccuper le camp car les abris avaient déjà été détruites et brulés par des inconnus. Ils avaient aussi pillé les cabanes des déplacés, ainsi que les structures médicales du camp. Evitant de trop peser sur les familles d’accueil, plusieurs parmi ces déplacés organisent leur retour, principalement dans le territoire de Masisi. « J’estime à un pourcent, le nombre des déplacés qui sont déjà rentrés dans leurs villages de provenance. Dans le camp, nos statistiques avaient déjà atteint 5998 ménages. Ceux qui sont rentrés ont trouvé des petits moyens pour organiser leur retour. Depuis que l’appel à la reprise des cours a été lancé, nous autres qui occupons encore les salles de classe cherchons où aller. Nous ne savons ni rentrer dans nos villages, faute de moyen de transport ni réoccuper le camp car nos abris ont été détruits »,
Démentellement des abris dans la partie Ouest de Goma

Démolition des abris dans le site Lushagala, situé à cheval entre les quartiers Mugunga et Lac Vert

A la lisière entre les quartiers Mugunga et Lac Vert sur la route Goma-Sake, ainsi que dans divers sites du quartier Lac Vert, les déplacés démontent eux-mêmes leurs abris qu’ils revendent au marché noir les matériaux récupérés. Certains s’organisent en groupes selon les villages d’origine, pour un louer des moyens de transport. Le président du site de Bulengo par exemple renseigne que chaque jour, des dizaines de familles quittent le camp pour rentrer dans le Masisi. Faustin Mahoro rappelle qu’il abritait jusqu’à 40 000 ménages et qu’environ 30% est déjà reparti.
« Dans la plupart des blocs, 3 sur 10 familles de déplacés sont déjà parties. L’engouement pour le retour est vif, mais le plus grand obstacle est le manque de frais de transport. Vous le savez très bien, ce retour bien que volontaire, n’a pas été préparé. Il n’est pas possible de rentrer à pied car certains villages sont vraiment éloignés de la route principale. Nous savons que nous allons retrouver nos champs vides, car dévastés par les belligérants lors de la guerre. Et donc dans la mesure du possible, il nous faut aussi rentrer avec un peu de nourriture au village. Pourtant, cela fait déjà trois mois que le site de Bulengo n’a pas été assisté par les organisations humanitaires. Voyez combien c’est donc difficile pour nombreux d’organiser le retour »
Précarité et incertitudes des retournés.
L’avenir semble incertain pour la plupart de ces retournés. Plusieurs défis se présentent à eux. Certains retrouvent leurs maisons détruites, les champs dévastés, le bétail décimé. Sans moyens de subsistance, ils devront repartir de zéro dans des zones qui peinent encore à se relever des affres de la guerre