Périple d’un congolais fuyant la guerre de Goma vers Bujumbura

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Après d’intenses combats enregistrés du 26 au 29 Janvier 2025 dans la ville de Goma suite à une bataille à l’arme lourde et légère entre l’AFC/M23 et les FARDC dans cette agglomération, certains congolais ont quitté la ville dès l’accalmie relative enregistrée. Certains congolais ont décidé de traverser la frontière via la grande et la petite barrière qui relient la ville congolaise de Goma  à celle rwandaise de Gisenyi. Ces seules voies étaient un passage obligé pour tous ceux qui voulaient quitter Goma. Le bâtiment de la grande barrière était quasi vide avec deux personnes seulement, visiblement des membres de l’AFC M23. Une jeune fille de teint clair d’à peine la trentaine et un homme d’une cinquantaine d’années. Ce sont eux qui avaient les cachets DGM d’entrée et de sortie du pays. Les enfants et les adultes n’ayant pas de document de voyage tels que le passeport, CEPGL et autres, ont exhibé leur carte d’électeur et acte de naissance en vue de traverser moyennant le jeton, système qui a été abandonné il y a quelques années pour traverser de part et d’autre de la frontière.
Les uns se sont installés auprès des familiers au Rwanda, d’autres ont pris la direction de Bukavu et certains sont allés à Kampala. Les informations sur l’avancée des l’AFC/M23 vers Bukavu en passant par le territoire de Kalehe n’ont pas tardé à occasionner une panique générale au point que certaines agences de voyage ne pouvaient plus vendre des billets car n’ayant plus de place. Ces agences qui relient Bukavu et Bujumbura via le Rwanda affichaient complet toutes les places ce dimanche 2 février. Les dépendants des agents du système des Nations Unies ainsi que certains cadres des ONG Internationales avaient reçu l’instruction de quitter Bukavu. Dans cette ville où l’aéroport n’était plus opérationnel pendant longtemps même s’il l’est redevenu pour les opérations militaires, le salut de tous ceux qui voulaient quitter la ville était dans ces agences de voyage. Les véhicules de ces compagnies de transports quittent généralement Bukavu en vue d’atteindre Kamanyola après un passage au Rwanda du fait que la route reliant Bukavu et Kamanyola ou Uvira n’a pas été une priorité des autorités congolaises.

Les routes du Rwanda qui mènent vers le poste frontalier de Kamanyola sont loin de l’image que le commun des mortels a des routes de ce pays. Ce sont des routes asphaltées certes, mais aux antipodes de l’image et la réalité reluisante des routes du pays des mille collines. Ce voyage s’est fait entre nids de poules, ondulations sinueuses, collines verdoyantes et routes en chantiers entremêlées dans les montagnes et vallées avec des passagers incapable de gérer leur mal de route. Ce sont des crises de vertige suivi des vomissements qui s’en sont suivis. Dès l’approche de la frontière avec la République Démocratique du Congo, aux environ de Kamanyola, le soleil de plomb s’invite à ce cocktail. Ceci oblige les passagers à se réveiller pour vomir et poursuivre ensuite leur sommeil en transpirant. Au bord du Lac Tanganyika, c’est une route très large en terre battue, visiblement préparée pour être asphaltée. Plus loin, ce sont des véhicules alignés, ceux des privés et ceux des agences de voyage, attendant tous que les passagers obtiennent leurs cachets d’entrée au Burundi. Le Burundi a enregistré ce jour-là un afflux des congolais venus de Goma, de Bukavu et d’autres entités du Nord et Sud Kivu, fuyant leur pays par crainte des nouveaux combats.

Arrivée massive des congolais à Bujumbura : Explosion du prix du Loyer

Bujumbura, cette ville calme, chaude et active a accueilli plusieurs familles et citoyens congolais de sorte que nombreux agents immobiliers de Bujumbura, communément appelés commissionnaires, se sont vu très sollicités. Pour ceux et celles qui vivent à Goma et Bukavu, le coût de la vie à Bujumbura est nettement meilleur mais ceci n’est pas réel pour une majorité des Burundais qui vivent des moments difficiles. La Situation économique du pays en General et celle de la capitale en particulier ne sont pas reluisante. Ces citoyens de la région des Grands Lacs sont écartelés entre pénurie de carburant et de sucre suivi d’une dévaluation continue de la monnaie nationale. Un chauffeur de Taxi a dit : « C’est grâce à la RDC que nous tenons car c’est là que nous avons du carburant et c’est de là que viennent les peux de dollars que nous avons notamment du fait que nous vous aidons avec nos soldats ». Une première réalité est que les bureaux de change proposent 2800 Franc burundais pour 1USD alors que le Marché noir, qui est proche de la réalité propose 7500 Franc burundais pour 1 USD. Cette opération de change dans le marché noir se passe en toute clandestinité. Malgré la dévaluation continue du Franc Burundais, plusieurs citoyens de ce pays réfléchissent et fonctionnent en monnaie nationale contrairement aux congolais qui réfléchissent en dollars américains. L’Arrivée de ces voisins en détresse mais économiquement fort n’a pas duré pour qu’il y ait transfert de comportement. Les Burundais qui proposent des biens et services en Franc Burundais ont commencé à parler des dollars américains. En une semaine, le taux de 7500Franc burundais au marché noir pour 1USD a chuté pour atteindre 7100 Franc burundais pour 1 USD, suite à l’arrivée des congolais avec leurs dollars en poche.

Ayant à l’esprit que cette situation ne durerai pas longtemps du fait qu’un ballet diplomatique était en cours entre les leaders de la région et qu’une rencontre de l’Espoir entre la SADC et l’EAC était prévue samedi 8 février 2025, plusieurs ont gardé l’espoir. Les maisons que les congolais sollicitent sont des appartements meublés car le coût journalier des hôtels feraient à coup sûr exploser le budget de ces citoyens et familles sinistrés qui ont tout laissé au pays dans l’espoir de rentrer rapidement à la maison. La loi de l’offre et de la demande n’a pas manqué à ce rendez-vous. Ces appartements qui sont le plus souvent inoccupés, loués par moment à des prix adaptés à la bourse des Burundais ont vu leurs prix doubler ou tripler. Dans le quartier Sororezo et Mutanga Sud par exemple, un appartement meublé de cinq chambres, cuisine et deux salles de bain est passé de 500 à 1200$ ou 1500$ et celle de deux chambre et deux salles de bain et une cuisine de 300USD à 600USD. L’ambassade de la RDC au Burundi a vu sa fréquentation prendre l’ascenseur. Elle a enregistré plus des demandes de CEPGL, de tenant lieu de passeport et passeport plus qu’à d’autres périodes.

Après plusieurs jours de vie au Burundi sans sources de revenus, certains pensent rentrer à Goma ou Bukavu du fait qu’ils sont à court des moyens de subsistance, d’autres pour ne pas perdre leur boulot et d’autres encore déçus du fait que les actes posés par le M23 disent qu’ils ne se retireront pas. D’autres part, certains craignent qu’une riposte sur Goma ne soit à la base d’autres morts et traumatisme comme les combats du 26 au 29 Janvier 2025.