Les échecs répétitifs de ces processus de paix peuvent aussi s’expliquer par le fait qu’ils ne parviennent pas à traiter les causes substantielles et résiduelles des conflits. C’est notamment les désidératas des victimes de tous ces cycles des conflits qui sont restés depuis longtemps sans un traitement convenable de la part des autorités congolaises. Il nous semble qu’ un tel état des choses est tributaire de l’absence d’une effective mise en place de la justice transitionnelle en RDC qui donne, tout aussi, lieu à une impunité susceptible de perpétuer les cycles des conflits. De ce point de vue, il est donc important d’analyser les réformes en cours en RDC afin d’apprécier dans quelle mesure elles contribuent à l’avènement de la justice transitionnelle.
Cette étude s’inscrit dans une telle visée en portant un regard beaucoup plus sur le P-DDCS – comme l’une des réformes en cours. Tout en s’appuyant sur les perceptions des victimes et d’autres acteurs impliqués dans la promotion des droits de l’homme et de la justice transitionnelle en RDC, l’étude a tenté de circonscrire la place réservée aux victimes ainsi qu’aux différents aspects de la justice transitionnelle dans le P-DDRCS.
Pour y parvenir, il a été essentiellement fait recours à une approche qualitative. A cet effet, la présente étude s’est appuyée sur des données issues de deux principales techniques à savoir : la revue de la littérature ainsi que des entretiens-semi directifs. Le recours à ces deux techniques a permis de trianguler les données obtenues afin de garantir la qualité et la fiabilité des résultats obtenus.
Depuis l’avènement de la 3e République marquée par la constitution de 2006, la
République démocratique du Congo est parvenue à organiser quatre cycles électoraux
(2006, 20011, 2018 et 2023). Chacun de ces cycles a connu des expériences négatives
comme positives et ce, pendant les périodes pré-électorale, électorale et post-
électorale. Les crises pré-électorales se sont généralement caractérisées par des
tiraillements politiques et le refus ou l’invalidation de certaines candidatures. Pour les
élections proprement-dites, l’inorganisation et/ou la non-tenue des scrutins sur
l’ensemble du territoire national ont toujours été décriées. Les tensions post-électorales
ont toujours concerné le doute sur la véracité des résultats proclamés par la commission
chargée de l’organisation des élections. Par ailleurs, malgré ces défis récurrents,
chaque cycle électoral a aussi révélé des moments de résilience et d’espoir pour la
démocratie en République démocratique du Congo. Les leçons tirées des expériences
passées ont, toute proportion gardée, souvent servi de tremplin pour l’amélioration des
processus futurs, ainsi que l’on pouvait l’espérer pour les élections du 20 décembre
2023.
En dépit des irrégularités observées lors des scrutins du 20 décembre 2023, le candidat
président de la République Felix Antoine Tshilombo Tshisekedi a été proclamé
vainqueur. Malgré le doute qui planait sur son élection lors des scrutins de 2018,
beaucoup sont convaincus de sa victoire aux élections du 20 décembre dernier.
Cependant, l’opposition est restée sceptique quant aux irrégularités observées et,
continue d’exiger l’annulation de ces scrutins. A la lumière des débats en cours sur ces
élections dites du 20 décembre en RDC, il convient d’en interroger son ancrage dans
la culture démocratique ainsi que son poids sur le devenir de ce pays au cœur d’une
Afrique qui peine encore à définir sa destinée dans un monde phagocyté par
l’ultralibéralisme néolibéral. Telle est la préoccupation à laquelle répondent les
contributions contenues dans cette livraison du numéro 42 de notre revue Regards
Croisés. Séquencée en deux parties, cette livraison pose d’abord dans sa première
partie les contours et le diagnostic de la question en étude et enfin, la deuxième partie
ouvre la voie à quelques perspectives du possible.