Dans la présente analyse, nous soutenons l’hypothèse selon laquelle, la non-prise en compte des préalables à la fois juridiques, politiques et opérationnels (militaires) dans la constitution de la Force militaire régionale sous mandat de l’EAC dans la partie Est de la RD Congo pourrait être une source d’échec de cette force.
S’agissant des préalables juridiques, l’analyse observe que la RDC n’a pas encore formellement ratifié le traité constitutif de l’EAC, à travers un acte législatif de ratification. Par ailleurs, l’analyse ressort l’existence des Accords bilatéraux tenus secrets, impliquant la RDC et quelques pays voisins membres de l’EAC. Pour l’analyse, ces accords secrets pourraient entraver le processus de la mise en place d’une force militaire régionale dès lors qu’ils sont inopposables à d’autres pays tiers.
S’agissant des préalables politiques, l’analyse ressort des pesanteurs de la politique intérieure de la RDC opposées à la constitution de la force régionale. Ces pesanteurs concernent la méfiance des structures de la société civile, opposées au projet d’une force militaire de trop, qui comprendrait en plus des pays considérés comme agresseurs de la RDC. Ces pesanteurs politiques concernent également des contestations politiques au sein de la majorité parlementaire où des malaises politiques s’accroissent.
S’agissant des préalables militaires et/ou opérationnels, l’analyse questionne les modalités de coexistence de plusieurs opérations militaires ainsi que des dispositifs politico-militaires en cours en RDC à savoir : le régime d’exception de l’état de siège ; la Brigade militaire d’intervention de l’ONU qui a un mandat distinct des autres contingents de la MONUSCO ; la MONUSCO et ses divers contingents ; les Opérations militaires SOKOLA 1 et 2 ; l’Opération militaire « SHUJAA » ; etc.
En conclusion, l’analyse note que le déploiement d’une force militaire régionale pourrait accentuer la surmilitarisation de la partie orientale de la RDC et conduire à une cacophonie opérationnelle sur le terrain dans un contexte de confusions d’agendas militaires, politiques et économiques. L’analyse recommande des rapports politiques francs entre les Etats membres de l’EAC et une restructuration profonde des FARDC.