Bien que la République Démocratique du Congo soit le pays d’Afrique possédant les ressources hydrologiques les plus importantes, elle doit aujourd’hui faire face à une crise aiguë de l’approvisionnement en eau potable. En effet, seuls 26 % de la population congolaise ont accès à une eau potable salubre, une estimation bien en dessous de la moyenne des 60 % pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. En raison des infrastructures endommagées ‐ fragilisées par des années de sous‐investissement et de conflit ‐ et de la croissance rapide de la population, le taux de couverture de l’approvisionnement en eau a décliné jusqu’à récemment. Les conséquences sociales et sanitaires de la rupture des services d’eau ont été considérables. Les tranches les plus pauvres de la société ont été touchées de façon disproportionnée par le déclin de la prestation des services et la hausse des prix de l’eau. Cette situation a été observée dans les zones rurales mais également de façon croissante dans les villes connaissant une expansion rapide.
S’agissant particulièrement de la ville de Goma, (en province du Nord‐Kivu), battue sur la rive nord du lac kivu, les besoins en eau potable n’ont pas cessé d’augmenter depuis des lustres. Deux raisons principales peuvent justifier ces besoins en augmentation constante : l’accroissement très rapide de la population dû aux déplacés des guerres dès 1993 et l’expansion de la ville. En effet, depuis le boom rapide et continu des populations dans cette ville, couplé de son expansion dans sa partie Nord, les besoins d’une meilleure gouvernance dans le secteur de l’eau est devenu plus qu’une nécessité.
Des quartiers entiers sont privés de l’eau filtrée et nettoyée de la REGIDESO S.A à cause des infrastructures vétustes ou endommagées par des années de service sans renouvellement, d’une part, et la crise d’une politique de l’eau, de l’autre. Ils sont servis par des prestataires ou contractants de la REGIDESO S.A à travers des bornes fontaines qui sont approvisionnées en eau, stockée dans des réservoirs construits par MERCY CORPS à cette fin. D’autres encore sont servis par des revendeurs de l’eau à vélo, généralement, sans éthique des biens et services destinés à la consommation par le public.
Dans ces quartiers, où les ressources en eau filtrée et nettoyée sont rares, ce sont les eaux de pluie qui y sont aussi utilisées. Cette crise d’eau impacte la sécurité sanitaire et sociale des personnes, et les petites économies des citoyens ordinaires, habitants des quartiers défavorisés. Dans ces entités, l’eau est une denrée rare et chère. Cette rareté et cherté ne permettent pas aux citoyens ordinaires de faire intervenir cette ressource vitaledans leurs nombreux gestes quotidiens, comme prendre une douche de 30 à 80litres d’eau, un bain de 150litres environ, un cycle de lave‐ vaisselle d’environ 20 litres. Cette pénurie d’eau filtrée et nettoyée relèverait fondamentalement de la crise de gouvernance. Gérer et assurer l’accès à l’eau pour tous nécessite tout simplement une meilleure gouvernance du secteur de l’eau.
Cependant, « la gouvernance n’est pas une fin en soi, mais elle donne des outils pour parvenir à un objectif final, celui de garantir le droit et l’accès à l’eau ». C’est-à-dire « un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques de chacun ». Elle « détermine (…) qui peut avoir, quand et comment, droit à l’eau et aux services connexes ». Cela comprend un cadre normatif et stratégique, des acteurs privés comme publics, des objectifs, des ressources, au travers desquels les décisions sont prises et mises en œuvre.