La confirmation de la nomination des animateurs de la CENI par le Président de la République
Depuis plusieurs mois, les confessions religieuses congolaises ne parvenaient pas à un consensus quant à la désignation des animateurs de la CENI. Au cœur des discussions, à qui confier la présidence de l’institution ? A l’issue des tractations, six sur les huit confessions religieuses, ont opté pour le choix de Denis Kadima. Pour les deux confessions religieuses dont, l’Eglise du Christ au Congo et l’Eglise catholique qui représentent un poids considérable avec un nombre important des fidèles, Dénis Kadima ne devrait pas diriger cette institution au motif de sa proximité avec le Président de la République. Des discussions nombreuses sans consensus, en dépit du délai supplémentaire accordé par l’Assemblée nationale, les confessions religieuses ne sont pas arrivées à un choix commun au point qu’il a convenu à l’Assemblée nationale d’intervenir pour trancher, soit en acceptant d’entériner le choix de Denis Kadima, soit en réfutant ce choix non consensuel de six au profit du consensus. C’est ainsi qu’en date du 16 octobre 2021, en assemblée plénière, qualifiée « de plénière sous parapluie » où des députés de l’opposition n’ont pas hésité de s’à donner au jet des projectiles comme des sachets d’eaux et aux sifflements, l’assemblée nationale a procédé à l’entérinement de Denis Kadima comme Président de la CENI.
N’étant pas consensuel, cette décision n’avait pas été accueillie sans rejet. En tant que garant du bon fonctionnement des institutions de la République, beaucoup se sont adressé au Président de la République pour qu’il mette fin aux antagonismes. Son choix était décisif car c’est à lui qu’il revient la tâche de confirmation ou du rejet de l’entérinement. Pourtant son choix n’avait pas tardé à se faire connaître. En effet, le 22 octobre 2021, dans un bref discours à la nation, le Chef de l’Etat a annoncé la confirmation de l’entérinement de Kadima à la tête de cette institution d’appui à la démocratie en soulignant combien le processus de sa désignation a été régulier.
Cette décision du Président n’était pas restée sans retour. D’un côté, l’on note la réplique des regroupements en coalition avec le parti présidentiel. De l’autre, des sorties médiatiques de certains opposants mais aussi de l’Eglise catholique et l’ECC pour manifester leur désaccord avec la position du Président de la République. C’est ici où Marti Fayulu a fait un appel à une union en bloc de tous ceux qui sont contre ce choix du Chef de l’Etat. Les mouvements citoyens n’ont pas non plus tardé à joindre leur voix à cette lutte contre ce qu’ils appellent « le tripatouillage », se disant restés aux aguets pour des actions d’envergure en vue d’un processus libre et indépendant.
Telle est la situation dans sa globalité et l’on craint que cela ne conduise à une crise grave aussi bien politique que sociale. L’on peut alors se poser la question de savoir ce à quoi cela conduit et quelle est la place du peuple dans ce débat. Que convient-il d’attendre d’un processus électoral entaché des crises et des tensions pareilles ? Que convient-il de faire pour que les jeunes restent à l’abri des manipulations politiques ? Quelles seraient les responsabilités des uns et des autres dans la limitation, au mieux pour lutter contre une crise électorale et postélectorale qu’on peut déjà voir se profiler à l’horizon ?
Aux acteurs politiques, il convient d’opérer des choix allant dans l’intérêt du peuple par-dessus tous les antagonismes et les divers avantages politiques. S’il est vrai, aux politiques, que le pouvoir appartient au peuple, il est dangereux de rester aveuglé et oublier la force que les peuples détiennent.
N’est-ce pas ici le temps, pour les organisations de peacebuilding, de repenser et relancer les stratégies et politiques d’encadrement de la jeunesse et des communautés en général, contre toutes les formes des manipulations politiques et ethniques pendant cette période électorale ? L’intérêt porterait ici sur les cultures de la paix, la cohésion communautaire, la citoyenneté responsable et la responsabilité citoyenne afin d’éluder toute manœuvre politique tendant à embarquer les communautés dans des échauffourées et déstabilisations politiques durant cette période électorale. Par ailleurs, peut-être aussi, convient-il de développer des stratégies de sensibilisation des politiques comme des animateurs de la CENI sur un cycle électoral sensible aux conflits afin d’éviter que les élections soient un débouché des conflits.
Considérant le pouvoir dont ils disposent et leur influence sur l’ensemble des fidèles, il est aussi intéressant que les responsables des communautés religieuses soient porteurs des messages de paix, de construction de l’unité et d’appui à la démocratie. Pour un bon déroulement du processus, un compromis entre eux et les organisateurs des élections (la CENI et le gouvernement) est à envisager vu qu’ils couvrent presque tout le territoire national et détiennent des infrastructures conséquentes pour appuyer le processus.