Reprise des activités scolaires et académiques à Goma : Entre empêchement, boycott, vandalisme et occupation des établissements d’enseignement

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Les activités scolaires et académiques reprennent progressivement dans plusieurs établissements scolaires mais les effectifs sont encore réduits. Malgré les communiqués à la reprise lancés par les autorités du secteur, les écoles ne parviennent pas encore à réunir leurs effectifs habituels. Certains parents peu rassurés, sont encore réticents. Dans les écoles, les responsables affirment néanmoins que les effectifs ne cessent de croitre chaque jour. Ils reconnaissent cependant qu’il est probable de réunir tout l’effectif du fait que certains parents ne sont pas encore rentrés à Goma avec leurs familles.
« Il y a des familles qui se trouvent encore à Kinshasa, à Bukavu et d’autres avaient pris refuge dans les villes des pays voisins comme Kigali et Bujumbura. C’est actuellement difficile pour leurs enfants de reprendre les cours ».

Des écoles pillées, vandalisées ou détruites
Si les activités ont aisément repris dans quelques écoles d’autres peinent à ouvrir leurs portes. Et pour cause, lors des événements du 27 au 29 janvier il y en a qui ont été pillées et vandalisées, à l’instar de l’école du Cinquantenaire située dans la partie Ouest de Goma. L’établissement a été complément saccagé. Les pertes sont estimées à plus de 700 000 dollars américains révèlent les responsables de l’école.

« Tout a été vandalisé : des bureaux aux classes, des classes aux toilettes, des toilettes aux installations électriques. Nous avons tout perdu, on a tout volé. » Révèle le directeur des études de l’école du Cinquantenaire, Jean-Luc BAENI NDALAITSE.

D’autres écoles étaient occupées par des dépendants des militaires. C’est le cas de l’Ecole Primaire d’Application (EPA) Furaha, situé dans le quartier Mabanga-Sud, en commune de Karisimbi. Déguerpis du camp militaire Katindo, au lendemain de l’occupation de la ville, les femmes et les enfants des éléments FARDC ont pris d’assaut les écoles environnantes les transformant en abris, fait savoir le directeur de cette école secondaire.
« Ces familles occupent plusieurs écoles voisines du camps Katindo. C’est le cas de l’EPEA Furaha, l’EPE Rutoboko, l’EP Mwasombo, l’EP Ndahura et bien d‘autres. Pour mon cas, je dispose de 18 salles de classes, et chacune abrite 5 à 6 familles. Vous avez-vu vous que même pour entrer dans mon bureau, c’est tout un problème. Leurs effets ménagers qui n’ont pas trouvé de place dans les classes qu’ils occupent, ils les sont entassés dans mon balcon. Dans ces conditions, la seule volonté des parents, des élèves et des enseignants ne suffit pas pour reprendre les cours ».

ITG / Don-Bosco Goma

Il y a aussi des écoles qui ont étaient toucher par les obus et éclats des bombes tombées cette journée fatidique du 27 janvier sur la ville de Goma. C’est le cas de l’Institut Technique Industriel de Goma, ITIG touché par une dizaine de bombes mais qui a toutes fois rouvert ses portes.

« Nous avons reçu onze bombes au total, parmi lesquelles six ont vraiment détruit nos infrastructures. Il y a la salle d’informatique qui est partie en vrille, le labo électronique, la grande salle de l’ITIG, la salle des professeurs, l’internat en construction et le bureau du directeur de discipline. Ce sont des bombes qui ont eu autant d’impact, » relate le père Nazaire MULOKO, préfet de cette école secondaire.

Il renseigne que durant ces affrontements, une bombe est également tombée dans l’enceinte de l’institut Saint Joseph se trouvant à quelques mètres de l’ITIG, sans causer de dégâts majeurs. Sans estimer monétairement la valeur des biens endommagés, le père Nazaire MULOKO précise que son institution a urgemment besoin de cent quatre-vingt-six tôles, plus de cent feuilles de vitre, des appareils électroniques et informatiques pour reconstruire et rééquiper les bâtiments détruits par des bombes ou leurs éclats.

Rien ne peut arrêter l’éducation
Consternée aussi bien par le vandalisme de certaines écoles que par l’occupation d’autres par des dépendants des militaires et des déplacés, la coalition nationale de l’éducation pour tous (CONEPT/RDC) prévient que plusieurs résolutions des Nations Unies protègent les lieux d’apprentissage pour enfants. Pochelin Byamumonyi rappelle une citation chère à l’UNESCO selon laquelle ‘’rien ne devrait arrêter l’éducation’’ et affirme que l’arrêt des cours au Nord-Kivu n’arrête pas l’année scolaire sur l’ensemble du pays. Pour lui, tout devrait être mis en œuvre ici en province pour que cette dernière puisse atteindre les 220 jours prévus, de peur d’être frappée de nullité.
« Ma crainte est d’autant plus grande car dans les écoles publiques de plusieurs provinces du pays, l’année scolaire 2024-2025 avait débuté avec un retard consécutif à la grève des enseignants. Selon ma propre conviction, il n’e conviendrait pas d’ajouter des jours chômés, et donc des jours passés sans dispenser des cours aux enfants. Le risque est double : d’une part, c’est de voir l’année scolaire être déclarée blanche, et d’autre part c’est de sacrifier la qualité de l’éducation des enfants en voulant sauver l’année scolaire par des rattrapages non conformes. »
La CONEPT/RDC demande également aux acteurs impliqués dans la recherche de solution à cette question à étudier les voies et moyens pour permettre aux enseignants d’accéder à leurs salaires de Janvier 2025. En effet, les banques par lesquelles ils sont régulièrement payés demeurent fermées. Selon cette structure, plusieurs enseignants reprennent les cours mais leur moral est bas.