Quelques jours après la prise de Goma par le M23, plusieurs sites de déplacés situés dans les groupements Munigi et Kibati, en territoire de Nyiragongo se sont vidé. Selon BOSENIBAMWE MUZUNGU Jean Etienne, Secrétaire exécutif de l’asbl « Action d’animation pour le développement des paysans », il s’agit d’environ soixante-cinq pourcent des occupants des sites Kanyaruchinya, Don Bosco/Ngangi, Kahembe et Bushagara. Ils sont rentrés dans leurs zones d’origine, notamment le territoire de Rutshuru, ainsi que les groupements Kibumba et Buhumba, dans celui de Nyiragongo.
« A ce jour, je sais vous affirmer que les déplacés qui occupaient jadis les camps des déplacés ici ont rejoint leurs villages d’origine à soixante-cinq pourcent. Ils avaient fui les affrontements entre la coalition des forces loyalistes, et le M23. Je peux évaluer à trente-cinq pourcent, le nombre de ceux parmi ces déplacés qui se sont déversé dans des familles d’accueil ici dans le territoire de Nyiragongo, ainsi que dans la ville de Goma » fait savoir BOSENIBAMWE MUZUNGU Jean-Etienne.
Les raisons du retour de ces déplacés sont diverses. Si certains ont positivement répondu au communiqué du M23, selon lequel ce mouvement [soutenait et encourageait pleinement les retours volontaires, mais qu’il ne contraignait personne à rentrer sans garanties de sécurité solides], d’autres sont rentrés car trouvant inopportun de demeurer dans des sites de déplacés dans et autour de Goma, pendant que cette ville, tout comme leurs villages sont occupés par la même force, à savoir le M23. Les déplacés ayant décidé de ne pas rentrer sont ceux ayant reçu les nouvelles de la destruction de leurs maisons pendant la guerre. Face au communiqué du M 23 qu’ils ont interprété comme étant un mot d’ordre, ils n’avaient pas d’autre choix que de se dissoudre dans la communauté d’accueil.
Dans les familles ayant généreusement accepté d’héberger ces déplacés, c’est la précarité totale, ajoute le secrétaire exécutif de l’ACADEPA. Les besoins en eau ; en nourriture et en médicament sont criant dans la région. Affectées depuis plusieurs mois par le cout cher de la vie suite à la situation de guerre, les familles d’accueil de ces déplacés se trouvent obligées de partager avec leurs nouveaux hôtes, le peu qui a été trouvé dans des jardins potagers autour des maisons.
« Personnellement, j’abrite deux familles déplacées au sein de ma maisonnée. C’est très difficile de nourrir tout le monde. Ainsi, nous mettons les enfants en priorité, car nous adultes, pouvons survivre même avec un seul repas le jour. Si jamais il y a une assistance programmée en faveur de ces déplacés, je suggère qu’elle puisse cibler aussi les familles d’accueil. Nous sommes affectés par la même situation, bien que les niveaux de vulnérabilité soient différents, car nous sommes chez-nous, mais eux sont en déplacement loin de leurs villages »
Afin de permettre aux familles d’accueil et aux déplacés de surmonter le défi alimentaire dans la région, il plaide en faveur d’une distribution de vivres en urgence pour parer aux besoins immédiats de ces nécessiteux. Une fois que cela est fait, il sollicite également une assistance humanitaire agricole dans la région. En effet, la saison culturale est encore à ses débuts, et ces familles sont prêtes à exploiter les vastes étendus de champs autour de Goma, dans le territoire de Nyiragongo, mais elles manquent de semence.