Retour forcé des déplacés : Quid des engins non explosés disséminés dans les zones de retour ?

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Le retour de gré ou de force des populations déplacées vers des entités où se déroulaient des affrontements il y a peu inquiète la Synergie de Lutte Anti-Mine au Nord-Kivu. Cette organisation s’inquiète des conséquences que pourraient avoir les engins non explosés disséminés dans toutes ces entités. « Pendant la guerre il y a des bombes qui sont larguées mais qui ratent leur explosion. Il y en a d’autres qui sont abandonnées dans les rues, les pâturages, les champs et cela reste un danger pour la population » : déclare le chef des opérations au sein de cette organisation. John BAHATI ZARIA estime que retourner vivre dans ces entités sans que les activités de déminage y soient menées est dangereux. Il affirme que les populations qui retournent dans les zones post-conflit courent les risques d’accident par engins explosifs. Il rappelle que concernant ces engins, « la première erreur sera la dernière ! ». John Bahati cite plusieurs conséquences dont les blessures, traumatismes et la mort des victimes.

Conscients des risques qu’ils encourent en retournant dans leurs villages de provenance, certains déplacés bravent leurs craintes car motivés à reconstruire leurs vies après tant de mois de souffrance passés dans des camps des déplacés. Le Secrétaire du site des déplacés de Lushagala au quartier Mugunga, déclare que ceux qui sont les plus motivés à retourner dans leurs villages sont des cultivateurs. NDOOLE BULENDA Justin affirme que ces paysans n’ont pour priorité que de retrouver leurs champs peu importe les dangers auxquels ils sont exposés.

Pour assurer la protection des retournés de guerre en cette période de crise sécuritaire, la SYLAM préconise l’éducation aux risques des engins explosifs de guerre, la mise en œuvre d’une enquête visant à identifier les zones dangereuses et la destruction de ces engins par les services habilités. En attendant que cela soit fait, John BAHATI ZARIA recommande aux habitants de faire preuve de plus de vigilance. Il leur demande d’éviter de se déplacer avant l’aube ni après le coucher du soleil pour ne pas tomber sur des engins de guerre non explosés dans le noir. Il les invite aussi à se renseigner auprès des personnes qui n’avaient pas abandonné leurs entités au sujet des endroits supposés plus dangereux que d’autres. Cet acteur des forces vives souligne que si quelqu’un se retrouve devant un engin explosif, qu’il n’y touche pas. « Qu’il s’arrête pour poser un marquage indiquant que l’endroit est dangereux en vue de prévenir ceux qui y passeraient après lui. Il doit également informer les autorités locales, » ajoute-t-il.

Rappelons que pendant près de deux ans, plusieurs localités des territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi au Nord-Kivu ont fait office de champ de bataille entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et le M23 appuyé par l’Armée Rwandaise. Les tirs d’armes légères et détonations d’armes lourdes ont occasionné des déplacements des populations vers des entités jugées plus sécurisées. Au chef-lieu du Nord-Kivu et ses environs, les enceintes de certaines églises et écoles ainsi que quelques terrains inexploités de l’État congolais ou des particuliers ont accueilli des milliers de familles des déplacés de guerre qui y ont érigé leurs abris. Après la prise de Goma par le M23/AFC en janvier 2025, ces citoyens congolais qui vivaient dans des conditions infrahumaines au sein de leurs différents sites ont commencé de gré ou de force, à regagner leurs milieux d’origine.