L’Afrique est caractérisée par la faible implication des jeunes et des femmes dans les processus de prise de décision. Cette faiblesse se manifeste par l’absence ou la faible participation de ces couches dans les institutions étatiques alors que la jeunesse est supposée prendre la relève de la classe dirigeante vieillissante.
La jeunesse de la population ne serait pas considérée comme un handicap en soi si des mécanismes ou structures sont mis en place
pour exploiter le potentiel que représente cette jeunesse. Malheureusement, beaucoup des pays africains, à l’instar de la RDC,
semblent ne pas profiter des opportunités qu’offre la jeunesse de la population. L’on observe que les jeunes sont quasi absents dans
beaucoup des secteurs de la vie en société. La province du Nord Kivu et partant, la ville de Goma, n’échappe pas à cette triste réalité. Il est constaté qu’un nombre important des jeunes ne parvient pas à s’intégrer dans les institutions et entités économiques (JOURDAN, 2006). Des jeunes exercent leur pouvoir en dehors des structures formelles, dans les situations d’exclusion et de difficulté sociales et économiques (IDEA, 2016). Il est donc primordial de promouvoir de l’inclusion des jeunes dans les processus de prise de décision. C’est dans cette perspective qu’avec un financement de l’Union Européenne (UE), Pole Institute est en train de mettre en œuvre, depuis janvier 2016, le projet « Autonomisation et mobilisation de la Jeunesse de la ville de Goma sur les enjeux politiques et économiques pour un leadership nouveau ». Ce projet consiste en un paquet d’activités dont la vision est que les jeunes de la ville de Goma soient conscientisés, mobilisés et formés pour l’émergence d’un leadership responsable.
La présente recherche a été réalisée en suivant une démarche méthodologique s’appuyant sur une analyse qualitative et une analyse quantitative avec comme outils de recherche la technique documentaire, l’enquête qualitative basée essentiellement sur des données issues des interviews individuelles ou des entretiens de groupe et enfin, sur base d’un échantillon de 211 jeunes de la ville de Goma, une enquête quantitative a été aussi effectuée à travers les différents quartiers, les différentes institutions, associations de la ville.
Des résultats et analyses qui en sont faites, l’on constate que les obstacles à la participation des jeunes dans la vie politique et dans les processus décisionnels sont multidimensionnels.
Sur le plan culturel, les jeunes sont caractérisés par une croyance négative vis-à-vis de la politique et l’Administration. Les jeunes interrogés ont estimé que la politique et l’administration publique sont assimilées à la mort et au désordre. Cette culture ou croyance ne favorise pas les jeunes à s’intégrer dans les institutions publiques. En second lieu, il y a une ignorance, de la part des personnes âgées, des compétences des jeunes. Les jeunes sont considérés, par les personnes âgées, comme incapables de diriger. L’étude a pu constater que la peur de mourir, les pratiques de sorcellerie et des fétiches empêchent l’inclusion des jeunes.
Au niveau social, il a été constaté que les guerres, les conflits et les cycles de violences ; le conflit des générations, le niveau de l’éducation, le chômage, etc. influent négativement sur la participation des jeunes dans les institutions. Sur le plan économique, les résultats ont montré que la pauvreté, le manque des moyens financiers, le chômage et l’inactivité des jeunes, les mauvaises politiques économiques, la désarticulation de l’appareil économique figurent parmi les contraintes qui bloquent les jeunes à entrer dans les processus décisionnels. Enfin les obstacles institutionnels ont été identifiés. Il s’agit de la mauvaise gouvernance, la corruption, le clientélisme, le non respect des lois, etc. Face à ces résultats relatifs aux obstacles ou contraintes à la participation des jeunes dans les institutions et processus de prise de décision, les recommandations formulées peuvent être résumées comme suit : – que soit assuré continuellement le programme de renforcement des capacités des jeunes en focalisant l’attention sur la participation des jeunes dans la politique et l’Administration. Ce qui exigerait une sensibilisation des parents et du gouvernement pour qu’il y ait un investissement important dans l’éducation des jeunes en leur permettant d’exprimer le bon jugement sur la gestion de la chose publique. – que les jeunes puissent rétablir la confiance en eux et dans les institutions afin que les jeunes soient considérés comme capables d’être responsabilisés en matière de prise de décision. Ainsi, les jeunes doivent donc abandonner certaines pratiques les disqualifiant. – que les jeunes qui ont pu intégrer les institutions puissent avoir un comportement irréprochable pour encourager la promotion de la jeunesse. – que les personnes âgées aient confiance dans les jeunes et leur facilitent l’intégration. Elles doivent être des modèles pour les jeunes. – que l’Etat adopte des politiques économiques mettant en avant les intérêts de la jeunesse. Des programmes et politiques d’éducation qui facilitent l’accès des jeunes à l’emploi. De renforcer l’application des politiques adéquates pour la retraite des personnes âgées. D’assurer la paix et la sécurité. – que les ONG renforcent leurs programmes de promotion de la capacitation des jeunes en offrant divers encadrements et formations qui peuvent permettre l’intégration facile des jeunes dans les institutions.