Cette étude sur les conflits récurrents et les dynamiques migratoires dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba a été menée entre Avril et Octobre 2022. Cette étude a la particularité de saisir les conflits au niveau communautaire en lien avec les dynamiques globales dans leur actualité. L’étude a été commissionnée par Pole Institute, qui est une organisation non gouvernementale de droit congolais.
Cette étude confirme la thèse selon laquelle les conflits dans le Haut-Katanga et le Lualaba font partie des stratégies des leaders politiques qui manipulent l’opinion publique et abusent de la carte communautaire pour assoir leur autorité et s’enrichir de façon illégitime. Ces conflits sont donc politisés, car ils surgissent principalement lors de la conquête ou de la conservation du pouvoir politique. Les conflits sont alimentés par des perceptions souvent erronées, un sentiment de méfiance entre les populations originaires du Katanga et les populations originaires du Kasaï. Cette étude a recueilli de nombreuses remarques et commentaires illustrant cette méfiance, voire cette haine qui existe entre les communautés.
La question de l’autochtonie est un prisme au travers duquel les conflits dans le Haut-Katanga et le Lualaba peuvent être analysés. Ils répondent à une logique d’exclusion et d’appropriation abusive de l’histoire, souvent alimentée par des discours haineux menés par des politiciens visant à manipuler la carte ethnique afin d’asseoir leur autorité. Les identités Katangaises et Kasaïennes ont été forgées autour de la marginalisation socioéconomique des Katangais originaires, vécue comme la conséquence directe de la domination des Kasaïens non originaires, et de leur relation privilégiée avec l’administration coloniale. En dépit de la Constitution qui reconnaît la nationalité congolaise a tout individu se trouvant sur territoire congolais en 1960, les descendants du Kasaï se trouvant au Katanga avant l’arrivée du colonisateur, ainsi que ceux de l’ouvrier Kasaïen du Katanga recruté depuis 1888, sont toujours considérés comme des étrangers.