Ce rapport présente les résultats d’une recherche sur la résilience au Burundi, au Rwan-
da et dans les provinces du Nord et Sud-Kivu en République démocratique du Congo
(RDC). Trois pays qui forment la Communauté économique des Pays des Grands-Lacs
(CEPGL) créée en 1976, une zone qui a été secouée depuis des années par des conflits ex-
trêmes avant et après le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda. Des conflits à ca-
ractère identitaire ont conduit à des cycles de multiples conflits politico-ethniques dans
la région. Au Burundi, les épisodes de violence les plus notables se sont produits en 1965,
1972, 1988 et 1993. Le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda a été le point culmi-
nant de cycles de violence qui ont commencé en 1959. L’impact de ce génocide s’est réper-
cuté dans toute la région, en particulier dans l’est de la RDC, avec des mouvements de po-
pulations autour des trois pays. La première (1996) et la deuxième guerre du Congo (1998)
ont entraîné le plus grand nombre de morts liés à un conflit armé depuis la Seconde
Guerre mondiale. Les conséquences de ces conflits persistent et la présence de groupes
armés dans l’est de la RDC rend le contexte toujours instable. La crise électorale de 2015
au Burundi s’est traduite par un mouvement de réfugiés dans la sous-région et une dété-
rioration conséquente des relations entre le Rwanda et le Burundi, affectant la circulation
des personnes et des biens et le potentiel de coopération dans la région1
.
Aujourd’hui, chaque pays de la région est sur sa propre trajectoire de reconstruction et
de réconciliation. Au Rwanda, la Commission nationale pour l’unité et la réconciliation
a pris l’initiative de promouvoir la cohésion sociale après les processus internationaux
et internes de justice transitionnelle. Au Burundi, les accords d’Arusha de 2000, des ac-
cords de partage de pouvoir, ont profondément contribué à la paix et la réconciliation.
En RDC, plusieurs accords de paix ont été signés, notamment le dernier conclu en 2013
à Addis Abeba. Les efforts déployés dans le passé pour la création d’une commission de
réconciliation nationale se sont heurtés à des défis, mais le changement de gouvernement
intervenu après les élections de décembre 2018 offre une occasion de relancer un proces-
sus visant à renforcer la cohésion nationale et la bonne gouvernance.