Lorsque nous tenions notre atelier à Kribi en septembre 2005, la transition politique congolaise était au troisième mois de sa nouvelle prolongation. Celle-ci, prévue pour durer une année, c’est-à-dire jusqu’au 30 juin 06, court toujours au moment où j’écris ces lignes. Elle devrait prendre fin en août 06, si un président de la République était élu au premier tour. Sinon, l’on devra encore attendre. A Kribi, la réflexion a porté sur la problématique de la gouvernance, en tant qu’elle constitue le socle sur lequel les Africains devront refonder des Etats enfin viables, qui oeuvrent pour l’épanouissement de leurs citoyens au lieu de les confiner dans des « marges » de plus en plus larges. En RDC, une nouvelle Constitution a été adoptée depuis le mois de novembre 2005. Elle accorde une place importante aux institutions provinciales, ce qui constitue un grand pas dans la bonne direction, pour faire face aux défis de gouvernance locale. Et depuis la fin du mois de juillet 06, la campagne électorale bat son plein à travers le pays. Enfin, les élections tant attendues, vont se tenir. Les Congolaises et les Congolais, longtemps privés du droit de se choisir leurs dirigeants, sont convoqués à ce que d’aucuns appellent le rendez-vous avec l’histoire . Je parlerais plutôt de rendezvous avec l’espoir, si les signaux lancés par cette campagne n’étaient pas alarmants. En effet, alors que la RDC est littéralement par terre, aucun message allant dans le sens de l’édification d’un minimum d’Etat n’est perceptible de la part des candidats. Et les citoyens électeurs, distraits par les rassemblements et les calicots, ne semblent pas conscients de la force qu’ils représentent face à une classe politique devenue vulnérable et à laquelle il fallait poser de vraies questions et avec laquelle il fallait signer des « contrats citoyens ». Et pourtant, ce ne sont pas les éléments fédérateurs qui font défaut. Tenez ! En suivant le sillage d’un des candidats à la présidence de la République et les promesses qu’il donne, l’on découvre une vérité aveuglante : tout le pays est dans le noir, il n’y a pas d’électricité, le délestage est général. Faut-il dès lors applaudir à la promesse des groupes électrogènes, alors que notre pays est un scandale hydraulique ? Quelle politique sera mise en œuvre pour que cette ressource eau soit rentabilisée ? Peut-on expliquer aux Congolais ce qui a plongé le pays dans le délestage alors que nous continuons à rembourser la dette du barrage d’Inga ? Ces questions-là, elles se poseraient partout au Congo démocratique. Il y a certainement beaucoup d’autres réalités partagées, qui devraient mobiliser les Congolais.